AMORE

J'ai commencé cette série au moment où j'ai été confrontée à une photographie que je ne pouvais pas prendre parce qu'elle était trop douloureuse pour moi et aussi parce que j'en faisais partie, de la douleur et de l'image. Pour supporter la lourdeur de cette image insupportable, j’ai commencé à prendre d’autres photos.

Je voulais être présente à la réalité de mes parents et je voulais raccourcir la distance entre eux et moi.

La chambre de mes parents n'est plus la même depuis l'apparition de la maladie de mon père, il y a dix ans. La chambre a changé pour s'adapter à son infirmité. La lumière entre comme une bénédiction dans ce lieu d'incertitude, entre la vie et la mort.

D'autres personnes vivent le même drame et je voudrais garder une trace de leur sobre héroïsme quotidien. De leurs mains qui s'occupent l'une de l'autre sans se poser de questions, alors que les jours passent toujours pareils et que la maladie semble tout détruire sauf la compassion.

N'est-ce pas cela que nous pouvons appeler une fois et sans mentir, l'AMOUR ?

(Octobre 2018)